Les 2 témoins
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Za 4, 14 : "Ce sont les deux personnes désignées pour l'huile, celles qui se tiennent devant le Maître de toute la terre."

La dérive

"Tu es Pierre,
et sur cette pierre je bâtirai mon Église" Mt 16, 18

 

Je rencontre de plus en plus fréquemment cette question qui traverse l'esprit d'un certain nombre de catholiques, une question insidieuse : l'Église, la grande Église que nous suivons et à laquelle nous nous efforçons de rester fidèles, n'est pas en train de dériver ? Devons-nous nous inquiéter au sujet de l’Église, ou même de notre Pape en tant que catholiques ? Pour certains, cette interrogation est récurrente, vectrice de trouble et d'angoisse.

J'ai eu affaire récemment à trois points autour desquels ce type de réflexion se cristallise :

  • la liturgie post-conciliaire est-elle une dérive protestante ou maçonnique, et donc à rejeter ?
  • Le Pape a-t-il raison de dire que nous avons le même Dieu que les musulmans ?
  • L'ouverture vers une bénédiction des personnes homosexuelles n'est-elle pas un reniement de nos valeurs ?

Vatican II point central du débat

Le point commun entre ces trois questions, il me semble, est qu'elles sont véhiculées par des mouvements intégristes. De ce fait, le point d'achoppement central, le nœud réel, est ce qui a été proclamé lors de la dernière grande réunion de nos évêques, le Concile Vatican II.

Or, ce Concile, je m’en méfiais quelque peu auparavant. Je m’en étais ouvert à un diacre permanent de ma paroisse d’alors qui m'avait incité à l'étudier, avant de m’en inquiéter. Cette personne était un modèle pour moi, avec une foi à déplacer les montagnes. Cela m'avait aidé à me mettre à l'écoute de l'enseignant qui me disait qu'on avait beaucoup de chance d'avoir eu ce Concile-là.

C'est la raison pour laquelle devant les interrogations récentes dont on m'a fait part autour de la liturgie et des propos du Pape, je me remets à scruter ce que nos évêques de l'époque nous ont légué entre 1962 et 1965. En premier lieu, quel n'est pas mon émerveillement de ce que l'ensemble des textes ait été voté à une majorité écrasante, soit entre 96% et 99,99% des quelques 2300 évêques qui avaient assisté aux quatre sessions[1]! Et quand bien même on intègre les évêques qui ne se sont pas rendus au Concile (environ 600), même si ces absents avaient tous voté contre ou nul, on resterait à une majorité écrasante de 76 % à 79 %. Il est vrai cependant que beaucoup de groupes ont exercé une influence sur ces textes, y compris des évêques connus pour être francs-maçons. Mais n'est-ce pas le propre de l'Esprit-Saint de faire en sorte que ce qui en résulte soit saint, pour la gloire de Dieu, comme il fit avec Jésus et ses douze apôtres, groupe qui comportait pourtant un traître et dix déserteurs ?

 

Le Concile responsable de la désaffection de l'Église ?

Avant comme après le Concile, de nombreux catholiques ont décroché de la pratique religieuse. Les intégristes diront peut-être que c'est à cause des textes du Concile qui trahissent la doctrine bimillénaire, les progressistes affirmeront sans doute quant à eux que ce sont les rites en latin trop rigides d'avant le Concile qui ont scandalisé tant de personnes. La position d'un bon catholique est-elle de trouver à tout prix un coupable en accusant les autres ? Ne suffit-il pas de dire que nous sommes pécheurs et qu'à ce titre, dans une société qui laisse plus de libertés et propose tant de loisirs, il nous est devenu difficile de conserver comme un trésor la pratique religieuse ?

 

Notre liturgie est-elle déviante ?

Qu'a apporté le Concile sur la liturgie ? La constitution Sacrosanctum concilium (SC), texte fondateur de Vatican II sur le sujet, vise, en résumé, à favoriser une pleine, active et communautaire participation des fidèles à la messe et à mettre au centre la Parole de Dieu. Le rite appelé "rite Paul VI" qui a été mis en place peu après a été fidèle aux orientations de SC. Mais dans son application, il a été faussé par des gens en révolte et la franc-maçonnerie qui l'ont utilisé comme un prétexte pour abîmer la messe de l'intérieur, en faisant régresser la place donnée aux temps de silence, à Saint-Michel, à la Vierge Marie, au caractère sacré[2] du prêtre... Pour preuve : les violences commises dans les paroisses afin de déraciner les anciens rites. Bien au contraire, l’idée phare du Concile était de propager le rite Paul VI en expliquant sa continuité avec la grande Tradition de l'Église, ce qui n’a pu malheureusement s’opérer en douceur.

Je crois donc qu'il faut affirmer que la manière dont on célèbre la messe aujourd'hui souffre de carences. Toutefois, celles-ci sont dues d'abord, je pense, à notre manque de profondeur spirituelle et en corollaire à tous ces gens sectaires de la franc-maçonnerie qui ont réussi de ce fait à nous tromper par leurs pratiques lucifériennes, étant donné que nous ne sommes plus suffisamment défendus contre notre propre idolâtrie.

 

Le Rite Paul VI est-il meilleur ou non que le rite d'avant (Saint Pie X) ?

Le rite Paul VI présente des avantages certains : rendre plus compréhensible chacune des étapes de la messe par l'emploi de la langue vernaculaire, rendre plus accessible la Parole de Dieu grâce aux quatre lectures, rendre à l’assemblée son rôle de « célébrant », faire l’association entre le Christ qui nourrit et le prêtre puisque celui-ci est tourné vers les fidèles... Toutefois, l'ancien rite appelé Saint Pie X - encore en usage sous certaines conditions, présente des avantages complémentaires. Il favorise une atmosphère sacrée par l'emploi du latin et par les nombreux temps de silence. Le prêtre qui est dos à l'assemblée représente le Christ qui supplie le Père pour son peuple. L’ensemble de rites invitent plus immédiatement à une profonde déférence pour ce moment sacré... Bref, pour ma part je puise dans chacun des rites de la messe des trésors différents et complémentaires qui aident à la vivre pleinement, bien que je trouve que notre rite actuel soit globalement moins riche. Cependant ne sommes-nous pas dans les temps où la charité se refroidissant, nous avons besoin d'une nourriture plus basique, comme si revenir à des purées et des yaourts nous était plus profitable ? Nous croyons être très intelligents et très civilisés, alors que notre vie trépidante ne nous habitue plus à nous arrêter pour manger de la viande.

On peut critiquer la désacralisation ou l'emploi de la langue vernaculaire qui semblent dégrader nos Eucharisties, mais il ne fait aucun doute que les personnes les plus spirituelles savent très bien tirer parti de chaque temps de la messe afin de le vivre pleinement, car, ne l'oublions pas, le principal obstacle à recevoir Jésus dans l'hostie est notre propre orgueil et non pas des rites que nous jugeons critiquables-.

 

La délicate ligne de crête de la fidélité à notre rite actuel

Notre temps est marqué par deux pièges qui ont toujours existé mais qui sont particulièrement redoutables dans cette période.

Le premier est l'irritation contre nos rites, notre pape, ou nos prêtres ou d'autres paroissiens. C'est d'ailleurs celui dans lequel tombent, je pense, les intégristes vis-à-vis de nos Eucharisties. Ce piège est terrible car du fait de notre zèle pour le Seigneur dans la liturgie, nous en venons à oublier le commandement de l'amour (qui est prioritaire) et nous nous coupons radicalement de la communion fraternelle, de l'Église, de la Communion des Saints (2 Ch 30, 16-20 ; Mt 12, 1-8 ; Lc 7, 36-48...) Ainsi, au lieu de participer à la messe pour apprendre à bénir et aimer, nous tombons dans le piège de maudire et de faire « nos pharisiens » devant le publicain : "c'est moi qui ai raison". 

La seconde ornière, qui se trouve à l'autre extrême, est de nous laisser entraîner par des pratiques moins souhaitables qui nuisent au caractère sacré de la messe et conséquemment à la pleine participation. Nous ne mesurons sans doute pas assez que nous pourrions garder la pleine Communion à Dieu en Eglise si nous ne nous livrions pas à certaines pratiques qui hélas nous en détachent trop rapidement, quand elles ne nous empêchent pas complètement de bénéficier des grâces du Roi du Ciel. Nous ne saurions trop insister sur les quelques temps de recueillement que nous prenons au cours de la messe et après la Communion. Ensuite, attachons-nous à recevoir dignement notre Sauveur, ne serait-ce que dans notre posture physique. Personnellement j’opte pour la manière traditionnelle : la communion dans la bouche et à genoux, qui me paraît la plus humble et la plus solennelle. Nous pouvons nous interroger sur ce que nous faisons juste avant et juste après la messe. Et du côté vestimentaire, avons-nous une tenue suffisamment couvrante afin d’encourager la chasteté du regard de nos frères et sœurs en Christ ? Aujourd’hui, le voile n’est plus très en vogue, et sans toutefois l’encourager, faut-il oublier pour autant que la chevelure reste une très belle parure de la femme qui peut tout à fait détourner l’attention ? Tout comme une jupe trop courte, un parfum trop entêtant… Concernant notre estomac, avons-nous observé un certain jeûne eucharistique ? Considère-t-on le risque de l'apéritif paroissial, qui en dépit de la convivialité et fraternité recherchée, peut charrier un nombre de paroles et de critiques si mal venues en présence du Seigneur. Toutes ces questions rejoignent l’ultime préoccupation qu’il nous appartient de faire nôtre ou non : comment vais-je me préparer le mieux possible à accueillir Jésus-Hostie en moi, avant, pendant et après la messe.

Le Seigneur ne souhaite-il pas d'abord notre indéfectible obéissance - car c'est cela, être catholiques, - et ensuite, si nous sommes choqués par certaines pratiques dans nos églises, que nous pleurions intérieurement et implorions le Seigneur afin qu'Il pardonne (c’est le principe de « réparation ») ? Et dans un second temps, avec notre témoignage doux mais ferme vis-à-vis de nos frères et de nos prêtres, n'est-ce pas un mode d'action qui portera le plus de fruits afin de les motiver à re-sacraliser nos rites?

En tout état de cause, la liturgie, qui traduit intimement notre rapport à Dieu, n’aura pas fini de faire couler d’encre… Aussi je propose d’aborder maintenant cet autre point qui peut être délicat : le rapport des chrétiens avec l’Islam, avec les Musulmans.

 

Vatican II et le rapport avec les musulmans

Afin de comprendre correctement le dernier Concile, nous pouvons retenir que celui-ci ne cherche pas d'abord à être dogmatique mais plutôt pastoral. Autrement dit, l'Esprit-Saint qui a soufflé sur nos évêques de l'époque voulait sans doute nous indiquer de quelle manière aborder la période qui vient, plutôt que de nous répéter des vérités qu'on savait déjà.

Ainsi, plutôt que de redire « l'Islam nie que Jésus est Fils de Dieu[3] et que tout système qui nie que Jésus est Fils de Dieu est un Antéchrist d’après 1 Jn, 2, 22-23, alors l’Islam, en tant que doctrine, est un Antéchrist », le Concile va professer que chrétiens et musulmans prient le même Dieu (Lumen Gentium 16) et indiquer les points communs entre notre foi et celle des musulmans (Nostra Aetate 3) : par exemple la croyance en un Dieu unique, ou encore la place de la Vierge Marie. En faisant ainsi, chrétiens et musulmans sont invités à centrer leurs discussions sur ce qui les rejoint, plutôt que de s'éreinter en querelles de mots. C'est en réalité très malin, car cela les honore et leur ouvre le cœur. En effet, nous les renvoyons à leur propre foi dont nous reconnaissons une certaine valeur, et cela met toutes les chances de notre côté pour leur parler de l’Évangile. Personnellement, je prie régulièrement Marie avec des Musulmans que je ne fais que croiser car j'utilise ce "tuyau" donné par Vatican II pour nouer rapidement un dialogue fructueux dans un monde où la division est partout et lorsque nous nous quittons, c'est après avoir adressé une prière commune à la Mère de Jésus.

De ce fait, les propos récents du Pape qui louent "l'inspiration divine qui habite toute foi" me semblent en corrélation avec l'attitude qui doit être la nôtre avec les gens qui nous entourent : une attitude de dialogue chaleureux - tout en ayant comme notre Saint Père une connaissance en profondeur des fondements de notre propre religion : l'obéissance à notre pape, notre amour pour la Sainte Eucharistie et pour la Vierge - vérités sur lesquelles son discours ne souffre aucune concession.

 

Le choix de la famille à laquelle j'appartiens

En conclusion, je m'adresse à tous ceux qui doutent du Pape ou de l'Église catholique. Posez-vous cette question : ce doute vous apporte-t-il la paix ? Car en général, lorsque l'on doute afin de revenir à la vérité et donc de s'arracher à un mensonge, c'est bien la paix que l'on trouve...

Peut-être êtes-vous attirés par d'autres confessions, les Protestants ou les Intégristes, par exemple. Celles-ci sont également riches d'immenses grâces, à mon sens, car elles sont emplies de zèle pour défendre ce qui est juste, tout en rejetant cependant une partie de la foi catholique. De mon côté, je témoigne du fait que l'Église Catholique est une famille où il fait bon être. Mais il y a un vrai choix à faire, car être catholique implique cet impératif exigeant d'avoir une confiance filiale dans le Pape, afin d'apporter la juste mesure de miséricorde à l'impératif de justice.

Continuer à scruter ce que dit le Pape ? Oui, en dehors des sujets dogmatiques, il peut toujours se tromper. Mais devons-nous perdre notre sérénité pour autant ? Un peu comme lorsque notre père, notre patron ou notre curé s'égare sur un sujet : faut-il nous en émouvoir au point de perdre la foi et quitter notre entreprise, notre paroisse… ? Je crois avoir observé que si nous nous mettons à douter franchement de notre Saint-Père, nous perdons une grande partie des grâces que nous devrions recevoir, nous tombons dans la colère et l'angoisse, nous ne sommes plus défendus contre le mensonge qui rentre dans notre vie, et par ricochet dans le cœur de notre conjoint, de nos enfants qui en seront beaucoup moins protégés...

 

La bénédiction de couples de même sexe : une hérésie ?

Il est vrai que le texte qui est paru en fin d'année 2024 favorisant la bénédiction des personnes de même sexe a pu troubler. Toutefois, l'histoire de l'Église ne fourmille-t-elle pas de cas où les décisions difficiles à comprendre avaient une perspective de ramener plus d'âmes[4]? C'est le cas de ce texte, je pense, car le pape ne revient pas sur le principe selon lequel les actes homosexuels sont intrinsèquement désordonnés. En somme, ne s'inscrit-il pas dans la perspective pastorale de Vatican II?.

 

 

Distinguer le Vatican et le Pape

Il me semble qu'un véritable discernement sur l'Église et le Pape ne sera possible qu'en demandant l'avis de personnes connaissant en profondeur l'une et l'autre, personnes à la fois bienveillantes mais justes. C'est cela qui nous fera sonder avec honnêteté ce qu'il en est. Gardons en tête que pour le moment, les propos de notre Saint-Père sont très souvent présentés hors de leur contexte, déformés par les médias et par tous les francs-maçons qui ont infiltré toutes les sphères de pouvoir, y compris le Vatican (y compris, d'après certains analystes, les sphères intégristes, afin de bloquer toute tentative de réconciliation avec l'Église Catholique).

De fait, si votre peur est celle de la venue de l'Antéchrist, j’espère vous rassurer en vous affirmant ceci : lorsqu’il viendra, nous serons au courant car ce ne sont pas quelques phrases horripilantes qui nous parviendront, mais plutôt la décision franche et brutale d'abolir la Sainte Eucharistie, le culte à la Vierge Marie ou à Saint-Michel. Mais je pense pour ma part que ce jour-là, notre vrai pape, qui peut-être sera éclipsé ou exilé, continuera à prier la Vierge et de célébrer la messe.

Que le Seigneur nous bénisse et nous éclaire.

 

 
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Notes

[1] hormis l'un des textes, plus mineur, celui sur les moyens de communication sociale, voté à 92%

[2] de multiples témoignages montrent que la franc-maçonnerie a infiltré la plupart des sphères sociales, en particulier l'Église, y compris chez les prêtres et les évêques. Ils utilisent l'Église dont ils faussent les pratiques afin de répandre leur humanisme athée. Voir le plan maçonnique pour la destruction de la Sainte Messe en 33 points (Editions Delacroix) dont on trouve des résumés sur Internet, ou encore le film M et le 3ème secret.

[3] Le Coran déclare à de multiples reprises que Jésus n’est pas Dieu, qu’Il n’est pas à l’égal de Dieu. Voir par exemple : Az-Zukhruf v.81, Az-Zoumar v.4 ; Al Ma-ida v.17 ; Al Isra v.111 ; Al Baqara v.116 ; Al Ikhlas v.112.

[4] Voir par exemple « Le pape et la communicatio in sacris » de frère Alain https://www.youtube.com/watch?v=KxZQ1okH_FY

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